GGSN – À propos

Brève description

Le GGSN (Global Grassroots Support Network ou le réseau mondial pour le soutien grassroots) est une communauté de pratique qui rassemble des personnes et des projets soutenant des groupes d’activistes « grassroots* axés sur la justice** » dans plusieurs régions et continents. Notre objectif est de faire partager des connaissances sur les défis communs auxquels les personnes qui soutiennent les activistes sont confrontées, et sur la manière dont ils ont été résolus. Les membres de ce réseau peuvent apprendre de l’expérience des autres et échanger des idées sur les formations, le coaching et les ressources matérielles (guides, ateliers, médias) que les autres ont créés dans leur propre région du monde. Le but de ce réseau est de compiler nos connaissances collectives sur les bonnes pratiques en matière de soutien aux groupes d’activistes grassroots axés sur la justice, de bénéficier des innovations de chaque membre, et ultimement, d’améliorer le soutien aux mouvements grassroots autour du monde.

* Nous utilisons le terme « grassroots » en anglais dans nos documents en français, parce qu’à nos connaissances il n’existe pas encore de traduction équivalente en français qui a la même signification. Grassroots recoupe une pluralité de sens, entre autres; de terrain, populaire, de la base, citoyen, local, communautaire. Grassroots peut aussi avoir une définition différente selon les visions, la section ci-dessous explicite la nôtre.

** Nous utilisons «axés sur la justice » pour inclure toutes les luttes pour la justice. La section ci-dessous explique comment notre réseau définit «axés sur la justice ». Référez-vous à la section « glossaire des termes » à la fin de ce document pour la définition des termes en italique à travers le texte.

 

Qui peut bénéficier de se joindre au GGSN?

Notre réseau est axé sur le soutien à l’activisme grassroots et la défense des droits. Une description de l’éventail des luttes incluses dans l’adhésion se trouve ci-dessous. Ce qui les unit toutes est une approche transformationnelle, par opposition à de la prestation de services, à des programmes d’aide ou de développement, tels qu’ils sont traditionnellement conçus.

Notre réseau est actuellement composé de personnes organisatrices, militantes, coaches, etc., chevronnées et issues de mouvements grassroots. Elles viennent d’Afrique, d’Australie/Nouvelle-Zélande, d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie du Sud. Afin d’élargir notre portée et de sortir de nos habituels cercles de privilège et emplacements géographiques, nous avons commencé à travailler avec des personnes qui font de la coordination au niveau régional pour amener dans le réseau plus de personnes de Colombie, du Chili, du Costa Rica, de l’Inde, du Nigeria et du Kenya.

Les personnes dans notre réseau travaillent dans des institutions et des groupes, ou agissent individuellement en soutenant les personnes militantes grassroots impliquées dans les luttes anti-oppressives. Celles-ci sont liées à la justice climatique, la justice reproductive, les droits des personnes LGBTQIA2S+, le droit au logement, les droits des personnes travailleuses, etc.

Les membres du GGSN peuvent participer en représentant une organisation ou individuellement, sans affiliation à une organisation. Les personnes qui peuvent bénéficier de l’adhésion au GGSN sont les personnes qui représentent une organisation ou les personnes qui fournissent du soutien, comme décrit ci-dessous.

Ce que nous voulons dire par « soutien » et quels types de compétences et ressources sont partagés au sein du GGSN

Le GGSN permet un soutien mutuel et un partage de toutes les activités qui favorisent le transfert de connaissances sur des sujets pertinents pour les activistes grassroots ou qui augmentent la capacité des activistes grassroots. Cela inclut, mais n’est pas limité à :

  • Coaching, formations, mentorat
  • Développer des outils éducatifs
  • Organiser des espaces de rassemblement et établir des connexions entre les activistes
  • Développer des campagnes pour faire passer les connaissances à l’action
  • S’assurer du care et du bien-être des activistes
  • Fournir de l’aide au dépannage en continu pour les campagnes militantes

Le GGSN sera moins pertinent pour votre travail si vous…

Cherchez des pairs et de l’expertise spécialisés principalement dans la philanthropie, les programmes d’aide humanitaire, les programmes de développement, ou les programmes de défense des droits menés par des organisations non gouvernementales (ONG) importantes et structurées.

Par contre, si votre implication a lieu dans la philanthropie, l’aide humanitaire ou que vous soyez membre d’une ONG, mais que vous désirez apprendre comment mieux soutenir les activistes grassroots qui s’impliquent dans la défense des droits, alors il pourrait vous être bénéfique de rejoindre cette communauté.

 

Le mode de fonctionnement de nos communications 

Le Global Grassroots Support Network a démarré en 2022. Actuellement, il est facilité par la personne coordinatrice principale Kenzie Harris, le gestionnaire de projet Tom Liacas et la coordinatrice de soutien Inès Lepage. Ce projet s’appuie sur  l’infrastructure et les réseaux numériques établis par le projet Blueprints for Change*.

Les personnes qui rejoignent le GGSN peuvent donner le temps qu’elles ont pour participer aux échanges, ou simplement bénéficier du savoir collectif partagé.

*Fondé en 2018, Blueprints for Change a rassemblé dans un réseau des bénévoles du monde entier pour créer des guides tactiques pour les personnes militantes progressives. Vous pouvez en apprendre plus sur ce projet ici: https://blueprintsfc.org/about/.

 

Les membres du GGSN sont invités à joindre notre canal Slack et notre liste de diffusion. Les échanges se déroulent habituellement des manières suivantes:

  1. Rencontres sur Zoom. Il y a des rencontres pour soulever des défis et en discuter, et des rencontres sur des sujets précis, tenues tous les deux mois.
  2. Slack/courriels. Les défis et ressources qui ont fait surface lors des rencontres sont envoyés au groupe pour plus d’échanges de connaissances et de ressources.
  3. Bases de données de ressources. Les membres mettent leurs propres outils et ressources à la disposition de ces bibliothèques publiques au bénéfice des autres. Cela inclut:
    1. Une collection publique de ressources partagées sur Blueprints for Change et la bibliothèque commune.
    2. Un disque sécurisé contenant des outils partagés et des modèles qui ne sont pas destinés à la circulation publique, stockés sur Cryptpad.
    3. Les fiches de résumés de connaissances qui compilent les questions et réponses soulevées par des membres du GGSN dans les rencontres. Certaines sont aussi disponibles dans la collection publique, mais elles sont toutes stockées dans le disque sécurisé.

 

Nos définitions de « grassroots » et de groupes militants « axés sur la justice » 

Les raisons pour lesquelles notre soutien est axé sur les groupes «grassroots»

  • Les groupes grassroots ont toujours été les moins financés et soutenus parmi les organisations impliquées dans le changement social.
  • À travers l’histoire, les mouvements sociaux menés par les groupes grassroots ont créé des moments de changements importants (plus récemment: les manifestations Black Lives Matter, les grèves mondiales de 2019 pour le climat).
  • Compte tenu de leurs cultures et de leurs pratiques d’organisation distinctes (telles que définies ci-dessous), les groupes grassroots sont confrontés à des défis précis qui ne sont pas toujours partagés par les organisations financées, structurées et dirigées par du personnel.

Dans notre vision, pour qu’un groupe grassroots soit considéré comme tel, il faut qu’il ait au moins un de ces critères :

  • Il est animé par le « pouvoir des gens », c’est-à-dire par des activistes bénévoles avec de la motivation, même si du personnel payé peut aider à coordonner cette énergie.
  • Il est autonome et s’organise par lui-même, surtout au début.
  • Il partage le pouvoir et les responsabilités décisionnelles entre les membres du groupe, dans une plus ou moins grande mesure.
  • Il a un certain degré d’autonomie pour définir respectivement leurs stratégies, tactiques et culture de groupe, surtout à un niveau local.

Notre définition de groupes militants  « axés sur la justice » 

Nous utilisons la formulation « axés sur la justice » pour englober la multitude des luttes pour la justice qui nous unit. Les communautés sont affectées différemment et inégalement par les conditions oppressives basées sur l’ethnie, le statut socio-économique, la classe, le genre, l’âge, la capacité, l’orientation sexuelle, et d’autres identités. Les caractéristiques d’un des aspects de l’injustice et ses intersections avec les autres identités ne peuvent pas exister séparément. Les inégalités structurelles causent le déséquilibre du pouvoir dans la société et une exposition différente aux formes d’injustice, ce qui explique pourquoi toutes les luttes sont interconnectées.

Plusieurs groupes inclus dans le réseau se concentrent sur un enjeu en particulier et luttent pour les droits et la justice reliés à celui-ci. Ces groupes peuvent utiliser des termes comme « justice sociale », « justice raciale », « droits humains », « droits reproductifs », « droits des personnes de la diversité sexuelle et de genre », « antiracisme », « décolonisation », etc. Le GGSN considère qu’ils font tous partie de notre définition de groupes activistes « axés sur la justice ».

Les activistes qui reçoivent du soutien peuvent choisir un certain nombre de chemins et d’approches pour parvenir à un changement social systémique. Qu’il s’agisse de s’organiser et d’agir par le biais de l’action directe, de la politique, du droit, des médias sociaux, de la narration, etc. Nous considérons que toutes les méthodes de remise en question et de résistance au pouvoir et à l’oppression systémique constituent un activisme axé sur la justice, et qu’elles sont toutes nécessaires au succès des mouvements grassroots.

 

Nos valeurs et comment nous les incarnons

Blueprints for Change et son réseau mondial de soutien grassroots (GGSN) sont des projets motivés par certaines valeurs. Nous essayons de sortir de nos zones de confort et de nos réseaux de pairs habituels, pour créer quelque chose d’inclusif et dans un processus d’empowerment* pour toutes les personnes impliquées. À travers notre réseau ouvert de partage de connaissances et d’expériences, nous tentons de revoir les narratifs dominants et les archétypes dans le militantisme et l’organisation. Nous visons aussi à prioriser les initiatives de changements menées par les gens, surtout par les personnes qui sont les plus marginalisées. Pour faire écho au changement que nous essayons de créer, nous aspirons à l’ensemble des valeurs suivantes :

1. Équité. Nous visons à refléter les nombreuses perspectives de nos partenaires de la communauté militante, de notre équipe de personnes conseillères, bottom-liners* et personnes qui contribuent à notre contenu.

*Comme grassroots, il n’existe pas à notre connaissance de terme qui a la même définition que le terme en anglais, c’est pour cela que nous le conservons en anglais à travers nos documents. La définition du terme se trouve dans le glossaire. 

Nous sommes particulièrement à la recherche de perspectives de personnes qui s’identifient comme : personnes noires, autochtones, racisées, femmes, queer, trans, personnes en dehors de « pays développés », activistes qui ont un financement limité et un accès aux outils restreint; et les personnes qui sont marginalisées dans le système capitaliste et suprématiste blanc patriarcal, et qui construisent les mouvements dont nous avons besoin pour une société plus juste. Nous accueillons et souhaitons entendre les perspectives qui vont remettre en question nos manières de faire sur la méthode de compilation et de partage des vécus, et de ce qui est utile ou non pour les communautés avec lesquelles nous essayons de travailler.

2. Empowerment. Nous voulons que toutes les personnes qui participent à ce projet aient le sentiment d’en retirer quelque chose d’utile. Nous avons conscience de la valeur du temps et des idées des gens et nous solliciterons leur avis sur la manière de créer des échanges de temps, de compétence et de ressources qui soient équitables et productifs pour nos personnes conseillères, contributrices et bottom-liners. Nous valorisons aussi le fait d’utiliser le développement des connaissances et le soutien dans une visée d’empowerment des communautés qui sont marginalisées dans notre société au sens large, en consolidant leurs expériences et leurs accomplissements. Tout cela, pour renforcer notre travail mondial en faveur du changement.

3. Transparence. Nous croyons en la communication ouverte, la transparence et l’honnêteté dans notre contenu, nos partenariats, nos références et notre promotion. C’est pourquoi nous avons essayé de présenter dans ce document tous les processus de réflexion et de décision qui sous-tendent le projet. Nous voulons que chaque personne sache dans quoi elle s’engage et qu’elle puisse remettre en question les structures autant que nécessaire. Nous croyons également à la révision de notre transparence et de notre modèle global, ce qui fait en sorte que nous écoutons et adoptons les commentaires des personnes participantes.

4. Collaboration. Nous cherchons à collaborer avec les personnes activistes orientées vers la justice et les mouvements qu’elles représentent. Notre place dans l’écosystème du mouvement est d’écouter les besoins des personnes militantes, de développer des ressources pour répondre à ces besoins et de les transmettre librement avec respect à travers les frontières et les domaines d’intérêt afin que tout le monde puisse gagner et apprendre ensemble.

5. Libération. En produisant et en collaborant au travail de soutien des personnes militantes grassroots axées sur la justice, nous cherchons à libérer les activistes et notre travail des défis typiques de l’organisation autour de l’accès – qu’il s’agisse de l’accès aux outils, au financement, à la formation et à la connexion. Nous cherchons à inclure toutes les perspectives, à adapter notre travail en fonction de la langue, du fuseau horaire, de l’expérience et du statut financier, et à inclure continuellement des perspectives et des expériences supplémentaires.

Lignes directrices pour les communications sur le canal Slack #grassroots_support_network

Nous avons ouvert ce canal sur le compte Slack de Blueprints For Change afin de commencer à faire émerger les défis auxquels tout le monde fait face dans notre travail de soutien et aussi pour partager des questions spécifiques posées par nos groupes, et qui pourraient bénéficier de la connaissance collective du réseau.

Voici les types de sujets que nous encourageons sur notre canal Slack :

  • Une question émanant de groupes grassroots qui pourraient bénéficier de l’apport et des idées du réseau.
  • Un appel général au groupe lorsqu’un modèle spécifique est recherché, un mode d’emploi ou tout autre outil nécessaire pour soutenir les groupes grassroots.
  • La publication d’une liste des principales préoccupations ou défis partagés par les groupes grassroots que vous soutenez.
  • Le partage d’un programme d’atelier ou d’une approche autour d’une question qui vient en aide aux groupes grassroots.
  • Le partage de ressources externes que les groupes grassroots pourraient trouver utiles.

Pour que notre Slack reste utile, limitons au maximum les éléments suivants :

  • Du « bombardement de liens » pour promouvoir du contenu, des événements ou des groupes externes avec peu ou pas de contexte donné aux membres du réseau.
  • Des offres d’emploi et des messages axés sur le recrutement ou les demandes de financement.

 

Pratiques à adopter afin que les échanges sur le canal Slack soient fluides :

  • Si vous répondez ou apportez des connaissances à un sujet lancé par une personne dans un message précédent, répondez au message original plutôt que de commencer un nouveau fil de discussion dans le canal.
  • Vous pouvez identifier d’autres membres du réseau à l’aide du symbole @ si vous souhaitez obtenir leur avis sur un sujet particulier ou si vous pensez que certaines personnes pourraient être intéressées par ce que vous publiez.
  • Si vous souhaitez échanger de manière individuelle avec un autre membre, veuillez contacter la personne en utilisant la fonction de message direct sur Slack afin que les échanges à deux se fassent en dehors des fils de discussion principaux.

 

Glossaire des termes utilisés

  • Anti-oppression (anti-oppressif): « Faire un travail d’anti-oppression […] n’est pas seulement de confronter des exemples sociétaux ou individuels d’étroitesse d’esprit, il s’agit aussi de nous confronter nous-mêmes et nos propres rôles de pouvoir et d’oppression dans nos communautés et dans le contexte général. » –Stephanie Jeremie, La Forge. Traduction libre. L’anti-oppression implique de déconstruire les idées oppressives de la culture dominante qui ont été internalisées (c’est-à-dire le sexisme, le patriarcat, le racisme, le capacitisme, etc.). 
  • Approche transformationnelle/mouvement social: cible les racines des systèmes d’oppression en s’attaquant à leur structure et en adoptant une compréhension du pouvoir comme phénomène social. Un mouvement social transformationnel utilise des demandes symboliques, qui sont larges et qui ont comme intention de souligner l’importance et l’urgence des changements demandés. Quand les messages symboliques sont entendus, il y aura des gains concrets et instrumentaux (précis et possibles dans le paysage politique immédiat). Un exemple d’une demande symbolique est l’abolition de la police, et un exemple de gain instrumental est une réduction d’un certain % dans le budget de la police dans une municipalité spécifique. Les approches transformationnelles cherchent à gagner du soutien plus actif pour faire basculer le débat public et permettre des changements sociétaux profonds. – Le HUB, inspiré par les écrits de Gene Sharp et son interprétation du travail de Paul et Mark Engler. 
  • Archétypes : « Le modèle original que toutes les choses du même genre copient ou sur lequel elles se basent  ; un modèle ou une première forme. » Traduction libre. Dictionary.com
  • Bottom-liners : « Les personnes qui se sentent concernées : elles assument la responsabilité de la mise en œuvre de leurs idées. » Traduction libre. – Atelier sur la structure du HUB
  • Communauté de pratique : « Un groupe de personnes qui partagent une préoccupation commune, un ensemble de problèmes ou un intérêt pour un sujet et qui se réunissent pour atteindre des objectifs individuels et collectifs. Les communautés de pratique se concentrent souvent sur le partage des meilleures pratiques et la création de nouvelles connaissances pour faire progresser un domaine de la pratique professionnelle. La communication sur une base continue est un élément important de cette démarche. » Traduction libre. – Communautés de pratique
  • Empowerment : « Dans ses versions radicales et féministes, l’empowerment désigne un « processus sociopolitique » qui articule une dynamique individuelle d’estime de soi et de développement de ses compétences avec un engagement collectif et une action sociale transformative. »L’empowerment, un nouveau vocabulaire pour parler de participation ?
  • Grassroots orientés vers la justice: Voir la section ci-dessus: Nos définitions de « grassroots » et de groupes militants « axés sur la justice » 
  • Inégalités structurelles : « Un système de privilèges créé par les institutions au sein d’une économie. Ces institutions comprennent la loi, les pratiques commerciales et les politiques gouvernementales. Elles comprennent également l’éducation, les soins de santé et les médias. Ce sont de puissants agents de socialisation qui nous disent ce que nous pouvons accomplir au sein de la société. » The balance
  • Philanthropie : « Fait référence à des actes charitables ou à d’autres œuvres de charité qui aident les autres ou la société dans son ensemble. La philanthropie peut consister à donner de l’argent à une cause louable ou à offrir son temps, son énergie ou d’autres formes d’altruisme. » – Investopedia

N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez que d’autres termes qui se trouvent dans ce document soient ajoutés au glossaire.