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Comment encourager les activistes à célébrer les victoires et à se remettre des défaites?

Les fiches de résumé de connaissances sont créées en réponse à des questions soulevées par des membres du Global Grassroots Support Network (GGSN). Le GGSN est une initiative qui s’appuie sur le projet Blueprints for Change. Le GGSN met en place une communauté de pratique qui rassemble des projets soutenant des groupes d’activistes grassroots axés sur la justice** dans plusieurs régions et continents. L’objectif est de partager les connaissances sur les défis communs auxquels ces groupes sont confrontés et sur la manière dont chaque projet les a résolus. Les questions sont posées aux autres membres du GGSN afin de compiler les connaissances et les ressources dont nous disposons.

Dans ce tour d’horizon, nous avons répondu à la question suivante : Comment encourager les activistes à célébrer les victoires? Et à recommencer à militer suite à des défaites en faisant usage de repos et de réflexions? Comment les activistes peuvent contrer l’idée, ou réaliser, qu’on ne peut pas continuer à donner de soi en étant vidé.e d’énergie?

** Consulter le document suivant pour la définition du GGSN de « grassroots ».  

 

Réponses de la communauté GGSN

1. Garder une vision d’ensemble

La perspective de Bill Moyers sur les mouvements sociaux est utile lorsque l’on travaille avec des activistes en période de baisse de moral. Bill a été impliqué à long terme aux États-Unis dans les mouvements de droits civiques et le mouvement antinucléaire, il a été aussi impliqué pendant des décennies dans des luttes qui nécessitaient beaucoup de temps avant d’avoir une victoire. Il a remarqué que chaque mouvement a des hauts et des bas, et que même après un moment de force, il y a souvent une chute après laquelle on a l’impression que rien ne fonctionne. Moyer a aussi remarqué qu’un moment fort est souvent suivi d’un sentiment d’échec militant. Il a observé ce schéma à maintes reprises dans les mouvements sociaux. 

Par exemple, le contrecoup de la pandémie a été très dur sur les mouvements pour la justice climatique qui avait le vent dans les voiles en 2019 et au début de 2020. On avait l’impression que la force de 2019 avait complètement disparu. Montrer aux activistes que les hauts et les bas font partie de la construction d’un mouvement les a aidés à persévérer. Cela aide à se recentrer que de comprendre que ces schémas ont toujours été là, et quand le rythme est plus lent, ça ne veut pas dire que tout est fini. Une accalmie peut être un moment pour se regrouper, penser ensemble et se réorganiser. Mais ça ne veut pas dire que la lutte est finie, ou sans espoir. 

 

2. Créer des espaces pour la réflexion

Reconnaître quand le travail est impossible, et créer de l’espace pour le partage d’émotions. Par exemple, pendant le confinement qui avait lieu lors de la pandémie, un groupe qui travaillait avec des activistes pour la justice climatique, et dont la programmation tournait autour de la mobilisation, l’organisation et la création de pouvoir a réalisé que l’activisme normal n’était pas possible. Puisque personne n’était dans l’état d’esprit de continuer à militer, les activistes ont ouvert un espace de parole sur le deuil. Ça a été puissant, parce que cet espace rejoignait les personnes là où elles se trouvaient mentalement. Ce moment en a été un de guérison, pour parler de perte d’espoir et de deuil dans un moment très difficile. 

 

3. Le care comme pratique de tous les jours 

Intégrez le care comme pratique de tous les jours, par exemple en faisant des tours de table réguliers, pour avoir une idée de l’état d’esprit des personnes, où est-ce qu’elles se situent émotionnellement. Vous pouvez commencer avec de la gratitude, et continuer en honorant la douleur, en lui donnant de l’espace. Ces pratiques régulières de care sont importantes à construire. Work That Reconnects a des ressources sur les pratiques de care (en anglais seulement) et Joanna Macy a écrit un livre sur le sujet. 

 

4. Déconstruire des narratifs sur le care et faire appel à l’échange entre pairs

Pour remettre en question le travail provenant de personnes au bout du rouleau, il est important de reconnaître l’appropriation du care par des narratifs oppressifs, pour être capable d’établir une vraie culture du care. Le Hub de mobilisation pour la justice climatique organise un atelier de deux heures disponible ici (en anglais seulement) 2 hour care 101 workshop (slides here). Dans cet atelier, nous explorons les questions suivantes: Comment le colonialisme, le capitalisme et la suprématie blanche se sont appropriés le care? Comment cela a impacté notre réponse aux communautés et nous a isolés, et a modifié la définition du care? De quoi aurait l’air une culture du care? Ce sont de bonnes réflexions à garder en tête entre des moments forts de campagne, pour amener du soutien à long terme et pour réfléchir sur nos préconceptions affirmant que le care doit être ‘mérité’. 

Après le premier atelier, il y a des cercles d’apprentissage (en anglais seulement) Care learning circle (part 2 of the Climate Justice Organizing Hub’s care series) qui utilisent le partage des connaissances entre pairs. 

 

5. L’importance du repos

Planifier du repos. Les moments de haute et de basse activité sont aussi importants. Il est difficile d’accepter les moments plus calmes, surtout dans nos environnements réactifs. Essayez de planifier ce que sera le prochain évènement. Quelle sera la prochaine action que vous poserez pour prendre soin de vous, ou pour être avec les autres, en dehors du travail ou de l’activisme. Il se trouve ici une ressource resource that Amnesty International developed with staff youth activists together on well-being and resilience for youth activists.

 

 6. Le paradigme individualiste doit être remis en question

Par exemple, une activiste de la jeunesse qui était une leadeuse dans les mouvements étudiants entendait constamment le message qu’elle portait l’espoir. C’était valorisant à entendre d’un niveau, mais d’un autre cela lui mettait un poids et un besoin d’en faire toujours plus. Comme les activistes en ont déjà beaucoup sur les épaules, il est important de faire attention aux messages positifs qui peuvent leur mettre de la pression et les amener à trop se pousser. 

 

7. Prenez du temps pour vous connecter et célébrer. 

Créez des espaces pour que les personnes puissent partager comment elles vont, quels sont leurs défis, leurs réflexions récentes et ce qui leur donne de l’espoir. Ces moments pour connecter sont super importants, même après une défaite, ou surtout après une défaite. Célébrez! Créer du temps pour célébrer, incluant des petites victoires à l’intérieur d’une défaite, chérissez ces petits moments à célébrer. 

 

Sources 

Les contributions et les ressources pour ce guide ont été fournies par : 

  1. Work that reconnects: https://workthatreconnects.org/
  2. Climate Justice Organizing Hub: https://www.lehub.ca/en/ and their wiki page: https://en.wiki.lehub.ca/index.php/Main_Page
  3. Amnesty International: https://www.amnesty.org/en/

Les autres identités des personnes ayant contribué à ce recueil de connaissances ont été anonymisées. 

 

Cette fiche de résumé de connaissances a été préparée par : 

Kenzie Harris, Inès Lepage et Tom Liacas

 

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